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Dépendance au chemsex : comprendre l’impossibilité d’avoir des rapports sans substances et s'en sortir

Photo du rédacteur: Morgane BeauvaisMorgane Beauvais

Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Le chemsex, contraction anglaise de « chemical sex » (sexe chimique), désigne la pratique consistant à utiliser volontairement des substances psychoactives pour intensifier, faciliter ou prolonger les relations sexuelles. Cette pratique, qui peut sembler attirante par les sensations qu’elle procure, peut rapidement mener à une dépendance préoccupante, notamment quand il devient impossible d’avoir des rapports sans substances.


Médicaments de couleurs différentes
Crédit : Pexel

Sommaire :




Qu’est-ce que le chemsex et pourquoi devient-il addictif ?


Le chemsex, contraction anglaise de « chemical sex » (sexe chimique), désigne la consommation intentionnelle de substances psychoactives (méthamphétamine, GHB/GBL, 3MMC, cocaïne, méphédrone ou kétamine) dans un contexte sexuel pour prolonger, intensifier ou faciliter les relations sexuelles. Ces substances génèrent une euphorie, réduisent les inhibitions, procurent des sensations exacerbées et renforcent le sentiment de connexion avec les autres. Initialement festif, notamment dans la communauté gay masculine, le chemsex peut rapidement devenir addictif, les utilisateurs cherchant à prolonger le plaisir tout en développant progressivement une dépendance physique et psychologique. Son utilisation répétée entraîne une tolérance, obligeant à augmenter les doses pour obtenir les mêmes effets. Cela favorise l’installation d’une véritable addiction.

Certains produits utilisés lors du chemsex, comme la cocaïne ou la méthamphétamine, peuvent causer des troubles de l’érection. Pour pallier ce problème, certaines personnes consomment du Viagra ou d’autres stimulants sexuels avant ou pendant les soirées chemsex, créant ainsi un mélange particulièrement risqué. Ce cocktail augmente fortement les dangers pour la santé cardiovasculaire et peut entraîner des complications sérieuses.


Cette pratique peut également masquer des états dépressifs, une solitude profonde, ou encore une homophobie intériorisée...


J’ai choisi de partager ce documentaire parce qu’il donne à voir, avec beaucoup de justesse et de pudeur, la réalité du chemsex. On y découvre la vulnérabilité d’un jeune homme qui lutte, à visage découvert, contre une addiction qui le dépasse. C’est un témoignage sincère, précieux, qui rappelle l’urgence d’accompagner ces parcours avec bienveillance et sans jugement.



Origines du chemsex : une pratique issue de la communauté gay


Historiquement, le chemsex est apparu au début des années 2000 dans la communauté gay masculine, principalement dans les grandes villes européennes comme Londres, Paris et Berlin. À l’origine, le chemsex représentait une forme de socialisation communautaire permettant à certains hommes gays d’explorer plus librement leur sexualité et de créer un sentiment d’appartenance collective. Cependant, cette pratique s’est progressivement répandue au-delà de la communauté initiale et touche désormais des personnes de tous genres et orientations sexuelles.


Une étude chez les étudiants universitaires français a révélé que 22,5 % des 680 participants ont déclaré avoir pratiqué le chemsex au cours de l’année écoulée. Les facteurs associés incluent l’utilisation d’applications de rencontre, la consommation régulière de pornographie, le célibat et des orientations sexuelles autres qu’hétérosexuelles, notamment la bisexualité.  


Ce documentaire poignant donne la parole à trois jeunes hommes en Nouvelle-Zélande, qui racontent avec une grande justesse ce que le chemsex a transformé dans leur rapport au plaisir, au corps et aux autres.
Seul petit hic : il vous faudra parler anglais pour le visionner… ou activer les sous-titres en anglais si besoin.


Qui est concerné par le chemsex ?


Si le chemsex reste particulièrement présent dans les communautés LGBTQIA+, notamment parmi les hommes gays et bisexuels, il touche aujourd’hui une population beaucoup plus large, comprenant également des personnes hétérosexuelles. Les motivations sont diverses : désir d’échapper au stress quotidien, recherche de performance sexuelle accrue, ou encore besoin d’apaiser l’anxiété sociale ou relationnelle.


Les impacts du chemsex sur la vie intime et affective


La dépendance au chemsex fragilise profondément la vie amoureuse et sexuelle.

Peu à peu, le plaisir cède la place à une forme d’isolement intérieur, où il devient difficile de se connecter à l’autre sans passer par la substance. Ce qui, au départ, pouvait sembler festif ou libérateur se transforme alors en un enfermement affectif.


Certaines personnes témoignent d’une impossibilité à ressentir du désir ou de l’émotion en dehors de ces contextes, comme si leur corps et leur cœur avaient désappris à aimer et à jouir naturellement.


On observe souvent :


Un isolement affectif, avec des difficultés à créer des liens sincères sans drogues,

Des épisodes d’anxiété ou de dépression, parfois intenses, surtout lors des périodes d’abstinence,

Des troubles sexuels, comme des problèmes d’érection, une baisse marquée de la libido, ou l’impression d’être déconnecté·e de son propre plaisir.


Comment identifier une dépendance au chemsex ?


Comment reconnaître qu’une dépendance s’installe ?


Certaines personnes ne s’en rendent compte qu’après plusieurs mois, voire plusieurs années. Et pourtant, les signes sont là, parfois subtils, parfois évidents.

Le chemsex prend progressivement plus de place, jusqu’à devenir une condition presque indispensable à l’excitation ou à l’intimité.


Voici quelques indicateurs qui doivent alerter :


L’impression de ne plus pouvoir avoir de rapports sexuels sans consommer, comme si le désir avait besoin d’être chimique pour exister.

Une augmentation progressive des doses, car les effets recherchés semblent s’émousser avec le temps.

Un repli sur soi, une mise à distance des cercles sociaux habituels, des passions, de la vie en dehors de ces contextes.

Une angoisse intense à l’idée d’un rapport sans substances, avec parfois une peur panique de “ne pas assurer” ou de “ne rien ressentir”.


Ces signes ne sont pas une fatalité, mais des indicateurs précieux. Les identifier, c’est déjà commencer à se libérer.


Que faire face à l’impossibilité d’avoir des rapports sans substances ?


Que faire quand le désir semble dépendre d’un produit ?


Reconnaître qu’une dépendance s’est installée n’est jamais simple. Cela demande du courage, de l’honnêteté avec soi-même, et souvent une grande dose de vulnérabilité. Mais c’est aussi une étape essentielle vers une sexualité plus libre, plus apaisée, plus vivante..


Si vous ressentez que le plaisir n’existe plus sans substances, sache qu’il est possible d’agir. Voici quelques pistes, parmi d’autres, pour amorcer un chemin de reconstruction :


1. Consulter un professionnel formé aux questions d’addiction et de sexualité, capable de t’accueillir sans jugement et de proposer un accompagnement adapté à ton vécu.

2. Rejoindre un groupe de soutien, pour ne plus te sentir seul·e face à ce que tu traverses, et entendre d’autres voix qui résonnent avec la tienne.

3. Explorer une thérapie comportementale et cognitive (TCC), qui aide pas à pas à reconstruire une vie sexuelle autonome, à réapprivoiser son corps, son désir, ses sensations, sans passer par les drogues.


Vous n'avez pas à faire ce chemin seul·e ! Il existe des espaces sûrs, des personnes bienveillantes, et des solutions concrètes pour vous aider à retrouver une sexualité à vous, libérée de la dépendance.


Comment se faire accompagner ?


Se faire accompagner quand on souffre de chemsex, c’est possible, et c’est même essentiel. Il existe en France des structures spécialisées qui accueillent sans jugement les personnes confrontées à cette pratique. On peut notamment se tourner vers les CSAPA (Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie), où des professionnels formés aux questions de dépendance et de sexualité proposent un suivi adapté. Les CeGIDD (Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic) et les centres de santé sexuelle peuvent aussi être un point d’entrée pour parler de sa consommation, se faire dépister et être orienté vers les bons interlocuteurs. Certaines associations comme AIDES, ou des collectifs comme vers Paris Sans Sida, ces organismes proposent également (et généralement) des espaces de parole, des groupes de soutien ou un accompagnement individuel. En tant que sexologue, je peux vous accompagner pour explorer ce qui se joue derrière cette dépendance, reconstruire une sexualité à soi, et avancer à votre rythme vers un mieux-être. Vous n’avez pas à faire ce chemin seul·e.


Souvenez-vous toujours : vous n’êtes pas seul.e, et il est possible de reprendre le contrôle de votre intimité !


Pour aller plus loin, quelques ressources :


Drogues Info Service : informations complètes et accompagnement personnalisé autour des addictions.

AIDES : soutien spécifique concernant le chemsex et prévention des risques.

Ressources d’accompagnement spécialisées :

• Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (CAARUD)

• Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD)

• Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA)

Jérôme Courduriès, Être en couple (gay), Presses universitaires de Lyon, 2011


Si vous souhaitez en parler ou prendre rendez-vous pour une consultation, je suis disponible pour vous écouter dans un cadre confidentiel, sans jugement et bienveillant !

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