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Polyamour, véritable orientation, authentiques relations

Retranscription écrite de l’épisode n°70 intitulé « Polyamour, véritable orientation, authentiques relations » avec Marion Joannin, en ligne le 23/10/2022 - Le podcast s'intitule "Sin Eden sublime", créé et présenté par Morgane Beauvais, sexologue.

Retranscription écrite de l’épisode n°70 intitulé « Polyamour, véritable orientation, authentiques relations » avec Marion Joannin, en ligne le 23/10/2022 - Le podcast s'intitule "Sin Eden sublime", créé et présenté par Morgane Beauvais, sexologue.

MB : Morgane Beauvais - sexologue, créatrice et narratrice du podcast

M : Marion Joannin - invitée - thérapeute, créatrice du compte Instagram @Polyamour_euse



Introduction du podcast


Bonjour, bonsoir, je m'appelle Morgane Beauvais, et dans la vie, je suis sexothérapeute. Sur cette chaîne, je parle des sexualités, des pratiques alternatives, des fétiches en tout genre et des orientations romantiques et sexuelles. Les personnes interviewées mettent leur intimité à nu à travers des témoignages uniques et sans tabou. Vous écoutez "Sin eden sublime", le podcast des sexualités. Disponible sur toutes les plateformes de streaming.



Présentation du sujet et de l’invitée


M : Il y a deux ans, je vous ai proposé un podcast sur le polyamour. Ici, je vous propose de découvrir la vision et l'expertise de Marion en tant que polyamoureuse et thérapeute accompagnante sur ces thématiques. Le polyamour, la polyamorie, sa communauté, la légitimité et même la jalousie, voire les étiquettes, le travail de déconstruction, mais aussi l'implication relationnelle et émotionnelle sont les sujets que nous allons aborder dans le cadre de ce podcast et auquel Marion nous partage sa vision intime et personnelle.


Marion, pour commencer, peux-tu te présenter, nous expliquer un petit peu ce que tu fais dans la vie, ce que tu présentes sur l'internet ? Par la suite, je te poserai tout un tas de questions en lien avec le polyamour.


M : Je m'appelle Marion, j'ai 35 ans, je tiens le compte polyamoureuse sur Instagram et je viens aujourd'hui donc vous parler de polyamour et de polyamorie, donc quelque chose que je vis depuis une quinzaine d'années dans ma vie amoureuse et aussi aujourd'hui dans ma pratique professionnelle puisque j'accompagne les personnes autour de leur vie affective en proposant des accompagnements psycho-affectifs en présentiel ou en visio autour des questions de non-exclusivité mais pas que. Voilà j'en ai fait aujourd'hui une partie de mon travail.



La définition du polyamour


MB : Est-ce que tu peux nous définir de manière assez simple ce qu'est le polyamour, la polyamorie et surtout ce que n'est pas le polyamour ?


M : Alors derrière le mot polyamour, en français en tout cas, souvent on parle de deux choses qui sont deux choses différentes. Donc on parle de la polyamorie, qui est donc l'orientation relationnelle, l'orientation amoureuse, le fait d'aimer, d'être capable en tout cas d'aimer plusieurs personnes en même temps. Et voilà, souvent quand on parle de polyamour, les gens veulent parler de l'orientation relationnelle. Donc c'est bien d'utiliser le terme polyamorie pour différencier Puisque derrière le mot polyamour, on peut aussi parler du schéma relationnel, qui est là pour le coup la manière dont on interagit avec nos partenaires, nos amoureux, amoureuses.

C'est vraiment le schéma dans lequel on choisit d'évoluer. Donc la non-exclusivité sentimentale, c'est-à-dire le fait d'entretenir plusieurs relations amoureuses avec plusieurs personnes en même temps, de manière consentie et transparente. Mais donc voilà, derrière le mot polyamour, il y a vraiment ces deux choses, le schéma polyamoureux et la polyamourie. Donc quand on parle de polyamour, c'est bien de préciser de quoi on parle pour que tout le monde sache bien justement de quoi il s'agit.



Les croyances autour du polyamour


MB : Peux-tu justement nous dire ce que n'est pas le polyamour, la polyamourie ? Je sais qu'il y a souvent des amalgames avec le libertinage, la polygamie, etc. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus ?


M : En effet, souvent, il y a un amalgame qui est fait avec le libertinage, le couple libre. La différence, c'est que lorsqu'on est dans un schéma polyamoureux, c'est qu'on engage des sentiments affectifs amoureux. J'utilise plusieurs termes pour être la plus inclusive possible, mais on parle bien de relations amoureuses, de relations sentimentales, ce qui n'inclut pas forcément de la sexualité.


Alors que dans le libertinage, c'est une ouverture, à plusieurs relations où on partage de la sexualité, ou à plusieurs expériences en tout cas où on partage de la sexualité, mais il n'y a pas d'engagement affectif qui est le cas dans le schéma polyamoureux. Et quand on parle de polygamie, la polygamie c'est un engagement marital Un homme cisgenre peut avoir plusieurs femmes dans des relations hétéros.


Dans certaines parties du globe, on peut entendre parler de polygamie, mais c'est vraiment deux choses différentes, puisque dans la polygamie, c'est un homme qui peut se marier avec plusieurs femmes, alors que la polyamorie, c'est le fait de pouvoir aimer plusieurs personnes en même temps, quel que soit leur genre, quelle que soit l'orientation sexuelle.

L’éthique en amour


MB : Dans ton travail, tu parles notamment de l'éthique. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus ?


M : Quand je parle d'éthique polyamoureuse, c'est ma philosophie de vie et de travail, mais qui, il me semble, avec des idées qui sont partagées par bon nombre de la communauté. Il y a la question d'abord de la transparence, c'est-à-dire le fait que tout le monde soit au courant de qui relationne avec qui. On parle de policules pour parler de toutes les personnes qui relationnent dans le même environnement relationnel.


Donc la question de la transparence, que tout le monde soit au courant. Et il y a la question du consentement, bien évidemment que tout le monde soit d'accord avec le fait que ma partenaire relationne avec une autre personne, que cette autre personne peut aussi avoir d'autres partenaires, etc. Donc il y a la question du consentement et ensuite l'éthique va pouvoir aller plus loin. dans l'idée de respecter les besoins et les limites de chaque personne du polycule. Donc, moi, dans l'éthique que je propose, c'est bien évidemment de travailler sa communication, une communication claire, honnête, la plus franche possible, avec, bien sûr, qu'on est tous et toutes capables de mettre en jeu dans la relation, selon notre vécu, nos peurs, etc.

Mais en tout cas, d'aller vers cette démarche de communication franche et bienveillante.



Les composantes d’une relation polyamoureuse


MB : Peux-tu nous parler des relations exclusives ou non exclusives au sein d'une relation polyamoureuse ?


M : En effet, souvent, je parle de non-exclusivité, mais c'est pour parler de manière globale, pour que tout le monde puisse se sentir inclus. Mais dans le schéma polyamoureux, on peut avoir cette notion de non-exclusivité vs. exclusivité qui peut revenir, c'est-à-dire qu'il y a des schémas polyamoureux fermés. On pourrait peut-être parler de ça plutôt que de dire exclusif, parce qu'avec le mot exclusif, ça peut être un peu flou.


Moi je parlerais plutôt de schéma polyamoureux fermé, c'est-à-dire parfois on va avoir deux partenaires, ces mêmes partenaires vont avoir eu un ou une autre partenaire et on convient tous et toutes ensemble qu'on s'en arrête là parce qu'en termes d'énergie, de temps, d'investissement... voire de peur parfois de relationner avec plus de personnes, les personnes décident ensemble que le schéma polyamoureux a une limite, une frontière au nombre de partenaires inclus dans ce polycule. Voilà ce que je dirais pour répondre à ta question.



Les difficultés au sein d’une relation polyamoureuse


MB : Peux-tu me parler un petit peu des questions, des problématiques que peuvent rencontrer des personnes qui vivent une relation polyamoureuse, au sein de la relation polyamoureuse et peut-être même en dehors de celle-ci ?


M : Alors les questions, elles sont assez différentes selon ce que je reçois sur Instagram, en message privé ou lors des consultations. Ce n'est pas tout à fait les mêmes questions.


Ce qui revient souvent sur Instagram, c'est le sentiment d'être perdue dans son orientation relationnelle, de ressentir cette possibilité d'aimer plusieurs personnes mais de ne pas savoir si c'est ok ou pas en fonction de ce qu'on se sent capable d'engager dans la réalité relationnelle. Il y a vraiment ce sentiment d'être perdue et puis d'avoir peur de faire du mal.

Parce que quand les personnes se sentent polyamoureuses et qu'elles sont engagées déjà dans une relation monogame, elles ont peur d'en parler, parce qu'elles ont peur de détruire la relation, que l'autre ne veuille pas, ne comprenne pas. Donc souvent, c'est « qu'est-ce que je fais avec ça maintenant ? Je sens que je ressens des sentiments pour quelqu'un d'autre, qu'est-ce que je fais avec ça ? » Ça, c'est ce que je reçois beaucoup sur Instagram.


En consultation c'est un petit peu différent puisque les personnes engagent un vrai travail thérapeutique, un travail de fond.

Et là je vais être face à des personnes qui sont déjà engagées dans un schéma polyamoureux ou dans une relation monogame où la personne a accepté, l'autre partenaire a accepté d'ouvrir. Et là, l'idée, ça va être d'accompagner toutes les questions autour des priorités, autour de la communication, qu'est-ce qu'on dit, qu'est-ce qu'on ne dit pas.


Travailler aussi sur ces mécanismes de défense pour aller vers une communication de plus en plus clair pour écouter ses besoins, pour écouter ses limites et faire le même travail d'écoute pour ses partenaires. Donc c'est un peu plus délicat de répondre à la question sur les consultations parce que ça va être très vaste et on va aller travailler un peu en profondeur sur le vécu, l'histoire, les mécanismes de défense, etc.


En tout cas, il y a un besoin de se sentir légitime, dans tous les cas ça c'est sûr, de moins se sentir seule et de chercher un petit peu des pistes pour Pour blesser personne, je ressens beaucoup cette préoccupation pour les personnes qui m'écrivent.



Les discriminations envers les personnes polyamoureuses


MB : Qu’est-ce que la polyphobie ?


M : La polyphobie, c'est le fait de discriminer les personnes polyamoureuses et les personnes qui relationnent dans un schéma polyamoureux. La discrimination peut passer par le fait de ne pas accepter, de rejeter. Il y a des personnes dans leur famille, par exemple, qui n'osent pas en parler ou alors qui en parlent mais qui sont rejetés. La discrimination, elle va être sociétale aussi, puisque c'est très difficile d'afficher sa polyamorie ou son schéma polyamoureux.


Par exemple, moi qui vis depuis 15 ans dans un schéma polyamoureux, qui aujourd'hui en est fait une partie de mon travail et qui a un compte Instagram dédié à ça, c'est toujours des questions très difficiles. Une grande part toute petite de ma famille n'est pas au courant. Les personnes qui sont au courant, ça reste des étapes à chaque fois de présenter d'autres amoureux ou amoureuses. Malgré le militantisme que j'essaye d'alimenter via mon compte Instagram, ça n'empêche que dans la réalité, ça reste très difficile. Parce qu'on a des remarques désagréables, parce que ce n'est pas accepté, parce que les gens ne comprennent pas.


Il y a même certaines personnes qui peuvent m'évoquer des situations par exemple de coupe monogame qui se sont ouvertes avec des enfants, des séparations et derrière bien évidemment la question de la garde ou l'argument par un des partenaires qui risque d'être lésé sur la garde de l'enfant, va utiliser l'argument de l'ouverture du couple ou de la polyamorie pour faire du mal à une personne parce qu'on sait bien qu'un juge risque de ne pas être ouvert à ces questions et de considérer que c'est forcément problématique qu'un des deux parents puisse avoir plusieurs partenaires, que ça risque de nier au bien-être de l'enfant, etc.


Je ne sais pas si c'est très très clair ce que j'évoque, mais en tout cas c'est pour dire que certaines personnes me rapportent des situations très inconfortables dans leur vie personnelle liées aux discriminations qu'elles peuvent subir par rapport à leur orientation.


Suis-je légitime à me nommer polyamoureux.se


MB : Peut-on parler de la légitimité dans le cadre du polyamour ?


M : Oui, la légitimité est centrale, comme toutes les orientations, les pratiques qui sortent de la norme. Dès qu'on sort de la norme, on s'expose à un regard, un jugement moral de l'autre qui va venir nous questionner sur la valeur de nos ressentis, de nos pratiques, de nos expériences. Donc oui, la légitimité est clairement au cœur au cœur de toutes les questions qui tournent autour de la polyamorie et du schéma polyamoureux. Et mon compte, je l'ai fait pour m'apporter, je crois, une certaine autolégitimité, un petit peu, en m'exposant en regard d’Instagram.


Et c'est ce que je souhaitais en tout cas aussi grandement apporter, c'est apporter de la légitimité à toutes les personnes qui peuvent ressentir cette polyamorie à l'intérieur d'eux, à toutes ces personnes qui souhaitent s'engager dans un schéma polyamoureux non exclusif, à leur dire que ils ont le droit, ils sont légitimes, tout est ok tant qu'on respecte une éthique respectueuse de tous les partenaires engagés là-dedans.


Mais oui, la légitimité, elle est à la fois problématique parce qu'elle est inconfortable à cause du regard des autres et elle doit être un combat justement pour nous aider à pouvoir exister avec nos ressentis de manière sereine et tranquille.



Polyamour, un véritable travail de déconstruction


MB : Peux-tu me parler un petit peu du travail relationnel qu'implique une relation polyamoureuse ?


M : Alors en effet, le schéma polyamoureux demande un travail de déconstruction hyper important par rapport à la norme monogame exclusive. Et ce travail de déconstruction, pour moi, est un vrai amplificateur, un vrai accélérateur du travail relationnel dans la relation amoureuse.

Tout ce que je dis sur mon compte ou en consultation peut s'appliquer, peu importe le schéma. Pour moi, le travail relationnel, c'est d'abord une passion, mais c'est aussi, pour moi, une manière d'aller vers la sérénité à soi et aux autres.

Mais la polyamorie et le schéma polyamoureux ont vraiment... permettent d'aller très en profondeur sur la question de qu'est-ce qui nous convient déjà, qu'est-ce qui nous convient pas. Puisque dès qu'on sort de la norme, on se demande, ok, je ne suis pas monogame, mais alors maintenant c'est à moi de construire finalement ce que je souhaite pour moi, en fonction de mes besoins, de mes limites.


Donc on va forcément un petit peu en profondeur se poser des questions. Ça peut se faire en étant accompagné sur le plan psychologique, ça peut se faire en participant à des cafés polis par exemple, à des rencontres autour de ces questions-là, en allant sur Instagram. Essayer de trouver des réponses. Mais le travail relationnel, pour moi, va commencer déjà par ça, par un travail de soi à soi, se demander qu'est-ce qui nous convient, qu'est-ce qui nous fait vibrer aussi, qu'est-ce qu'on désire, quelles sont nos limites.


Et ensuite, ça engage un vrai travail de communication avec tous les partenaires engagés. Si, encore une fois, on veut relationner avec cette éthique du consentement dont je parlais tout à l'heure, de la transparence, de la bienveillance. Mais si on veut aller dans ce sens-là, le schéma polyamoureux demande une grande exigence en termes de communication, de transparence, d’honnêteté.


En tout cas, pour que ça fonctionne avec le plus de tranquillité possible.

C'est pas toujours le cas. Parfois, c'est très difficile, comme dans tout schéma relationnel. Mais plus on multiplie le nombre de partenaires, bien évidemment, plus on complexifie parfois les réflexions. Voilà, s'adapter aux besoins, aux limites d'un partenaire, c'est parfois déjà très difficile.

Donc s'adapter à 2, 3, 4 partenaires, plus les met-amour, c'est-à-dire les amoureux, amoureuses de mes partenaires, qui vont aussi avoir une influence sur comment va mon partenaire, donc comment on va nous aussi, nous deux.


Enfin bref, ça amène forcément de la complexité. Donc s'engager dans le schéma polyamoureux, c'est accepter Il me semble nécessairement un travail sur soi et un travail sur la relation. En tout cas, sans ça, il me semble que ça reste très difficile, voire parfois impossible.



La découverte du polyamour pour Marion


MB : Est-ce que tu accepterais de me parler un petit peu de toi ? C'est vrai que c'est quelque chose que je fais en général en début d'interview. Comment tu en es arrivé aujourd'hui à créer ce fameux conte pour parler du polyamour ? Quel a été tout ce processus de réflexion, tous ces ressentis ? A quel moment tu as pu poser ce mot dans le cadre de ton histoire et de tes relations ?


M : Assez tardivement, j'ai posé le mot polyamour, polyamorie, en allant sur internet en cherchant des témoignages. Mais il y a peut-être 5-6 ans que je découvre ce mot qui colle avec ce que je ressens. Par contre, le ressenti est arrivé beaucoup plus tôt.


J'ai pris conscience beaucoup plus tôt d'avoir cette capacité et ce désir d'aimer, d'aimer au pluriel. J'en ai pris conscience dans ma première grosse relation, quand je dis grosse c'est ma première relation amoureuse très engageante pour moi, qui était d'abord monogame. et j'avais 20 ans, et au bout de 2-3 ans de relation, je commençais à ressentir du désir pour d'autres personnes, l'envie d'aller explorer ce désir-là.


Et là, très vite est venue la question de, mais est-ce que c'est vraiment problématique d'avoir du désir pour plusieurs personnes ? Est-ce que c'est problématique d'avoir plusieurs expériences ?

Puisque finalement, je ne ressens pas de baisse de désir ou de baisse d'amour pour mon premier partenaire, avec lequel je suis engagée dans cette relation. Et très, très vite, en fait, j'en ai parlé à mon amoureux et à qui ça a parlé, qui n'avait pas tout à fait le même ressenti, mais qui s'est dit, OK, en fait, ça me parle sur un plan philosophique et ça me va qu'on essaye d'ouvrir notre couple d'abord à d'autres expériences sexuelles.


Donc, on était au début dans le cas d'un couple libre parce qu'on avait peur de tomber amoureuse de quelqu'un d'autre. Donc on avait défini des règles, ne pas revoir deux fois la même personne, pas avec les amis, ça c'est une règle qui est toujours en place. L'idée c'était de ne pas nourrir un lien amoureux mais juste d'aller papillonner à droite à gauche, d'avoir d'autres expériences.


Et puis petit à petit on a eu des rencontres, des rencontres qui ont un peu changé la donne, avec des vraies connexions sentimentales, amoureuses. et par le biais toujours de discussions, d'échanges. Est-ce que c'est OK ? Est-ce que des choses changent en toi ? Est-ce que des choses changent en moi quand je ressens de l'amour pour cette autre personne ?


En faisant un travail sur soi et un travail de communication tous les deux, Finalement, petit à petit, j'ai évolué vers un schéma polyamoureux et j'ai pu déployer à ce moment-là toute la polyamorie qui était en moi. J'ai eu la volonté de créer ce compte, comme je l'ai dit tout à l'heure, parce que j'ai eu besoin de me rapprocher de gens qui ressentaient la même chose que moi pour moins me sentir seule, parce qu'on se pose énormément de questions quand on sort de la norme.


Le regard des autres est très pesant. On m'a beaucoup dit que j'avais un problème, que je pensais cocu, que j'étais qu'une salope, que je faisais ça et que mon amoureux faisait ça parce que lui était très amoureux de moi, mais qu'il n'était pas d'accord avec ça, que c'était pas possible, que c'était n'importe quoi de faire ça. Bref, tout un tas de…

Et forcément, on se remet en question. Est-ce que c'est moi qui ai tort ? Donc j'avais vraiment ce besoin d'aller chercher d'autres témoignages et à un moment donné j'ai eu envie de mettre ma petite pierre à l'édifice en me disant que j'avais peut-être moi aussi des choses à apporter, que mon parcours pourrait peut-être intéresser. Donc j'ai créé ce compte tout d'abord avec ce désir de partager mes expériences. et d'ouvrir aussi des échanges avec les personnes qui étaient intéressées sur ces questions.


Voilà comment j'en suis venue à aujourd'hui en faire aussi une partie de mon travail. Et en tout cas, ce qui est drôle, c'est que ce conte aussi m'a permis de retrouver un ancien amoureux de vacances quand j'avais 13 ans qui m'a renvoyé des lettres qu'avait retrouvées sa maman lors du confinement, du tri qu'elle avait fait dans sa maison. Et il m'a renvoyé ces lettres que je lui avais écrites, un amoureux que j'avais rencontré à la mer et on avait échangé des lettres. Et en fait, je me suis rendu compte déjà à 13 ans que j'avais cette capacité d'aimer plusieurs personnes, puisque je lui écrivais dans ma lettre, je t'aime, mais je suis désolée, j'ai rencontré quelqu'un d'autre, mais je t'aime toujours, mais je pense que ce sera dur à entendre pour toi, j'ai peur que tu me fasses la gueule. J'avais déjà ces sentiments-là qui étaient en moi, cette peur de blesser l'autre et surtout cette honnêteté qui était déjà là et qui m'a beaucoup aidée, je crois.


Ça qui est une partie de ma personnalité, mais qui m'a grandement aidée à évoluer dans un schéma le plus éthique en tout cas, même si ce n'est pas toujours facile. J'ai fait plein d'erreurs et j'en parle aussi sur mon compte. Mais voilà, c'est quelque chose que j'avais en moi depuis toujours et que j'ai réussi à déployer grâce à un amoureux ouvert et bienveillant qui a bien voulu prendre ce chemin-là avec moi.



Le mot de la fin… ou presque


MB : Quels sont les messages ou quel est le message que tu souhaiterais partager dans ce podcast à destination de cellules qui se questionnent ? Quel est ton message ?


M : Mon message ce serait que c'est bien de se poser des questions et d'être dans le doute parce que je crois que c'est aussi comme ça que parfois on est dans le juste.


Mais quand les questions sont drainées par des peurs, la peur de ne pas être légitime ou que c'est drainé par le regard des autres, là, j'ai envie de vous dire, rapprochez-vous de gens de confiance ou de comptes tels que le mien, qui vous offrent un accueil bienveillant et une écoute pour que vous puissiez vous sentir légitime et que vos questions vous aident à aller vers ce qui vous correspond, vers ce qui vous convient, vers ce que vous désirez au plus profond de vous. Parce que des peurs, on en a tous et toutes.


Et ces peurs, elles sont légitimes, mais parfois, elles nous empêchent d'aller vers ce qui nous convient. Donc, pour appréhender ces peurs et les apaiser, entourez-vous de personnes bienveillantes qui sont capables de vous écouter. Et ensuite, vous pourrez aller faire ce travail sur vous, pour aller au plus près, encore une fois, de ce qui vous convient. Et si vous avez répondu à ces questions concernant votre orientation, si vous êtes aujourd'hui sûr d'être polyamoureux, polyamoureuse et que vous avez envie de le déployer dans votre vie relationnelle, mais que vous avez des doutes, que vous avez peur de blesser, sachez que là aussi vous pouvez être accompagné. C'est aussi ce que je propose dans le cadre de mes consultations, de vous accompagner sur ce chemin-là.


Et c'est pas un chemin facile, c'est un chemin qui est très beau mais qui est pas facile, qui demande un gros travail de déconstruction sur la question aussi de, j'en ai pas beaucoup parlé, mais de l'attachement, voilà, on me demande souvent aussi autour de la jalousie, mais tout ça, ça se travaille et y a rien qui est immuable, y a rien qui est...

qui est impossible, mais il faut s'entourer de personnes bienveillantes et à l'écoute et accepter que ça demande pas mal de travail sur soi et sur la relation.



Le sentiment de compersion


MB : Une question qui revient très régulièrement, si je n'en parle pas, ça risque de laisser quelques frustrations. Peux-tu me parler un petit peu de la jalousie et du sentiment de compersion ?


Alors la jalousie, en effet, c'est souvent ce qui revient en premier, soit dans le ressenti des personnes qui peuvent m'en parler, soit dans les questions. La jalousie, c'est ce sentiment souvent désagréable et inconfortable.


On va se comparer aux autres personnes qui nous entourent en pensant qu'elles seraient meilleures que nous, plus beaux, plus intéressantes. Quand on décide de s'ouvrir à la non-exclusivité, ça demande d'aller travailler ce sentiment-là.


Ce sentiment-là, pour moi, il est drainé, encore une fois, beaucoup de manière automatique par la norme monogame exclusive, où le sentiment de jalousie peut parfois même être valorisé dans le fait que si tu n'es pas jaloux ou jalouse, c'est que tu n'aimes pas vraiment ta ou ton partenaire. Donc ça pour moi c'est quelque chose déjà à déconstruire. Il y a des personnes qui ne ressentent pas de jalousie et ça n'entache en rien l'intensité de l'amour qu'elles ressentent pour leur partenaire. Mais la jalousie, elle peut aussi être très présente et c'est un sentiment qui vient souvent de peur ou de colère aussi, mais souvent de peur.


La peur de ne pas être à la hauteur, la peur de perdre sa place. Moi j'aime bien parler de ça, souvent quand j'accompagne personne, plutôt que de parler de jalousie, c'est la peur de perdre la place qui est tout à fait légitime. Et forcément le schéma polyamoureux amène à travailler cette peur-là, en travaillant sur la question de la confiance en soi, en travaillant sur ses propres ressources pour aller chercher comment apaiser cette peur. très humaine mais qui amène quand même beaucoup d'inconfort puisqu'on est entouré de personnes très intéressantes, de personnes très belles et qu'on pourra jamais faire l'économie dans la non-exclusivité et dans l'exclusivité aussi, que nos partenaires s'intéressent à d'autres personnes que ce soit sur un plan amoureux ou amical ou etc.


Donc je crois que c'est un travail de déconstruction très intellectuelle, et ensuite un travail psychologique, on va dire, affectif, d'apaisement de ces peurs-là, en travaillant sur la conscience en soi, et bien évidemment en travaillant aussi sur l'action de la sécurité affective.

C'est-à-dire que moi, quand j'accompagne des personnes, je les accompagne sur un plan individuel, pourquoi elles ont peur, d'où ça vient, de leur vécu, de leur trauma, etc.


Mais aussi, je les invite à travailler sur leurs relations, sur la question de la sécurité affective puisque je peux accompagner quelqu'un à avoir une confiance en elle ou en lui au top du top, s'il est, il ou elle est dans une relation qu'on pourrait qualifier de toxique où la sécurité affective est très dégradée, cette personne se sentira insécurisée dans tous les cas même si elle a travaillé sa confiance en soi. Donc pour moi c'est un travail vraiment, la jalousie, on peut aller la travailler sur ces deux pans. la confiance en soi et la sécurité affective qu'on va pouvoir s'apporter dans la sincérité de nos sentiments, dans la communication, dans la bienveillance, dans l'écoute qu'on peut s'apporter l'un et l'autre.



Le polyamour au sein de la communauté LGBTQIA+


MB : Il y a un sujet qui fait débat au sein de la communauté polyamoureuse.

Est-ce que l'orientation relationnelle du polyamour fait partie de la communauté LGBTQIA+ ?


M : C’est un débat sur lequel je me positionne en disant que je ne me sens pas forcément suffisamment légitime pour dire si le polia doit faire partie de ce mouvement puisque moi-même je ne fais pas partie d'associations militantes sur ces questions, que dans mon entourage je me sens un petit peu seule sur ces questions.


Donc moi, en tout cas, je répondrai pas à cette question directement, mais en tout cas, il y a des comptes qui en parlent sur Instagram, qui ont un positionnement très clair, qui peut être intéressant d'aller voir. Moi, dans ce débat, ce qui m'intéresse, c'est de défendre les personnes discriminées par rapport à leur orientation relationnelle. que cette orientation considère qu'elle fasse partie du mouvement LGBTQIA+, ou du mouvement queer, ça reste pour moi une question. En tout cas, ces mouvements remettent en question la norme hétéro, la norme de genre, la binarité.


Et il me semble que dans le polyamour et la polyamorie, on remet aussi en question des normes aussi très enfermantes sur la question plutôt relationnelle. On n'est pas sur la question de la sexualité ou du genre, mais il me semble que cette question, de manière globale, elle peut faire partie de manière intéressante de la remise en question de notre société hétéro, patriarcale et compagnie, on pourrait encore donner plein de mots, mais voilà, qui enferme. L'idée pour moi, c'est de s'ouvrir. et de donner la légitimité à toutes les personnes qui veulent sortir de cette norme. La question reste pour moi ouverte, je n'ai pas de réponse.


En tout cas, je souhaite défendre les personnes qui se sentent polyamoureux, polyamoureuses et qui seraient à discriminer pour ça.



Faire face aux difficultés dans une relation polyamoureuse


MB : Quelles sont les difficultés que tu ou vous pouvez rencontrer dans ce genre de relation ? Et puis, comment faire ? Les difficultés sont multiples parce qu'elles dépendent de nos histoires, de nos traumas, etc. Donc elles ne sont pas les mêmes pour tout le monde.


Mais c'est vrai que souvent, j'en ai déjà parlé, il y a la question de la jalousie, de la confiance en soi. Et vient ensuite derrière la question de la priorité, de la hiérarchisation parfois. Donc il y a plusieurs schémas qui existent. Il y a des personnes qui hiérarchisent leurs relations avec une relation principale. des relations secondaires.


Je mets des guillemets qu'on ne voit pas derrière le micro. Il y a des schémas plutôt anarchiques, où les personnes vont naviguer d'une relation à l'autre sans hiérarchie. Il y a des personnes qui ne vont pas mettre de hiérarchie, mais qui vont parler de relations... relation au socle, etc.


Et si je parle de ça, c'est aussi pour dire que cette question de la priorité est très complexe. Si on veut évoluer dans un schéma éthique, ça pose des questions philosophiques. Qu'est-ce que c'est que prioriser ? Est-ce que c'est éthique ? Est-ce qu'on en a besoin ? Est-ce que ça parle plutôt de nos limites, etc.

Ça, c'est une question qui est vraiment difficile. Et il y a aussi la question de... Je ne vais pas dire que ce n'est pas vraiment le consentement, mais on est une minorité, donc en fait, ce n'est pas facile de rencontrer des personnes polyamoureuses. Donc souvent, on rencontre des personnes qui sont plutôt mono-amoureuses, qui évoluaient dans un schéma monogame.


L'amour fait qu'on a envie d'essayer, les personnes ont envie d'essayer d'aller dans la non-exclusivité par ce qu'on leur propose et avec toutes les difficultés ensuite que ça va poser parce que ça demande un gros travail sur soi et quand c'est pas son orientation, ça peut être très difficile parfois de comprendre l'autre et il y a de nouveau la jalousie, la peur de perdre la place qui peut revenir, le sentiment d'être au second plan par rapport à une autre relation, etc.

Donc je crois que la difficulté de rencontrer aussi des personnes polyamoureuses, parfois, amène qu'on mixe un peu, on va dire, les schémas. Voilà, on va relationner avec des personnes plutôt monogames, etc. Puis on essaye de faire un truc et puis c'est difficile. Et ça, j'en ai pas parlé tout à l'heure, mais c'est aussi beaucoup de situations que je rencontre et que j'accompagne.


Des personnes qui sont dans un schéma monogame, qui veulent s'ouvrir, mais il n'y en a qu'un des deux qui a envie de s'ouvrir ou l'autre qui veut s'ouvrir parce qu'il a peur de perdre l'autre.

ou alors des personnes qui se retrouvent avec des personnes monogames et l'amour donne des ailes au début et puis après c'est un peu plus lourd et un peu plus compliqué de se coordonner. C'est un schéma qui est, quand je dis très difficile, qui peut être en tout cas parfois très difficile mais ça vaut le coup de s'accrocher parce que quand c'est de son orientation, c'est ça qu'il nous faut pour se respecter soi. Mais encore une fois, sachez que vous n'êtes pas seul et qu'il y a tout un tas de solutions pour avancer sur ces questions. Et les solutions, pour moi, elles sont vraiment sur un aspect psycho-affectif, émotionnel, d'aller travailler sur la connaissance de soi, la connaissance de ses besoins, la connaissance de ses limites. et d'accepter aussi que parfois il faut prendre un chemin différent que ça ou son partenaire parce que quand les orientations relationnelles sont trop différentes, ça fait parfois trop souffrir et je crois que c'est aussi accepter ça.


Quand ça devient une lutte, on baisse les armes et puis accepter qu'une relation parfois se termine pour aller plus proche de sa vérité et laisser l'autre aussi aller près de sa vérité.

Où peuvent se renseigner les personnes qui désirent en savoir plus, en apprendre plus et peut-être rencontrer des personnes polyamoureuses ? 


Pour se renseigner sur le virtuel, sur l'internet, il y a Instagram qui est une belle ressource avec plusieurs comptes, des comptes de partage d'expérience, des comptes plutôt militants. Donc ça, je vous laisserai naviguer pour aller découvrir par vous-même. Sur mon compte Instagram, j'ai un petit onglet à la une où je partage des comptes que je trouve intéressants sur ces questions. Lorsqu'on veut rencontrer des personnes qui partagent nos ressentis, nos expériences, il y a les cafés polis.


Donc dans plein de grosses villes en France, il y a des rencontres en présentiel Donc ça, ça se passe pas mal sur Facebook. Il y a des groupes Facebook privés sur lesquels vous pouvez demander à adhérer pour pouvoir avoir les infos, les dates, etc. 


Et ensuite, c'est des espaces ouverts où vous pouvez aller échanger sur des thématiques ou pas de manière... de manière généralement assez safe, puisque c'est des personnes qui partagent les mêmes expériences et parfois les mêmes doutes, etc. Et si vous avez envie de pousser les questions un peu plus loin sur un plan individuel, je propose des consultations en présentiel dans le secteur lyonnais ou en visio, et je ne suis pas la seule, il y a aussi tout un tas d'autres praticiens praticienne et thérapeute qui propose des accompagnements spécifiques sur les questions de non-exclusivité.


Et je le conseille parce que c'est parfois très déroutant de ressentir ça et de le vivre. Donc ne restez pas seuls avec vos doutes et vos questions. On est plusieurs thérapeutes à pouvoir vous accompagner.



MB : Merci Marion et merci à vous ne nous avoir écouté !


Si vous avez apprécié ce podcast, n'hésitez pas à me soutenir et repartager mon travail. Je vous invite à découvrir les nombreuses thématiques que j'aborde sur l'intimité, les relations, les pratiques sexuelles en tout genre à travers des témoignages uniques et surtout sans tabou. Ces podcasts sont disponibles sur votre plateforme de streaming préférée en cherchant "Sin Eden Sublime".


Avez-vous déjà envisagé une sexothérapie ? Vous vous interrogez peut-être sur votre intimité, vous rencontrez un problème avec votre sexualité, seule ou en couple, vous êtes alors au bon endroit. En tant que sexothérapeute, j'accompagne toutes les personnes désireuses d'avancer vers le mieux-être. Rendez-vous sur sinedensublime.com pour prendre rendez-vous.


Écouter l'épisode en version audioe, cliquant ici. 


Retranscription écrite de l’épisode n°70 intitulé « Polyamour, véritable orientation, authentiques relations » du podcast Sin eden sublime porté et présenté par Morgane Beauvais, sexologue, sexothérapeute.

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